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NOUVELLES

d’appui, vacilla et tomba, sans avoir eu le temps de montrer à Bergamote l’objet qu’il venait d’extraire de sa poche. Il se releva à moitié, les mains appuyées sur le sol qu’il regarda ; puis il tomba face contre terre et se mit à hurler, comme les paysannes le font quand il y a un décès dans la maison.

Garaska hurlait ! Le sergent en fut stupéfait. C’était probablement une nouvelle ruse ; néanmoins, il se demanda avec curiosité ce qui allait se passer. Garaska continua à hurler, comme un chien, sans prononcer une parole.

— Qu’as-tu, es-tu devenu fou ? dit Bergamote en le poussant du pied. L’ivrogne criait toujours. L’agent réfléchît.

— Que te manque-t-il donc ?

— L’œ…œuf !

— Quel œuf ?

Garaska, modérant un peu ses hurlements, s’assit et éleva le bras. Sa main était couverte d’une matière visqueuse, à laquelle étaient collés des fragments de coquille d’œuf rouge. Bergamote ne comprit pas encore, mais il devina une aventure déplaisante.