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PRÉFACE

Andréief obtenait des effets tragiques, sans effort apparent, par l’analyse psychologique.


L’émouvante nouvelle C’était se passe dans un hôpital où agonisent un pauvre diacre de campagne et un marchand aigri par l’existence.

Le diacre est très malade, les médecins l’ont condamné. Mais, ne se rendant pas compte de son état, il fait des projets d’avenir, parle avec enthousiasme du pèlerinage qu’il fera après sa guérison, ou d’un pommier de son jardin dont il attend beaucoup de fruits pour l’été prochain. Dans les belles journées, quand les murs et le parquet de la chambre reflètent les rayons du soleil, il entonne des hymnes. Sa petite voix de ténor tremble d’émotion, il s’essuie les yeux en souriant.

Le quatrième vendredi du carême, on conduisit le diacre à l’amphithéâtre : il en revint très ému, faisant des signes de croix.

— « Ah ! mes frères, dit-il à ses voisins, comme c’était touchant ! Le docteur me fait asseoir dans un fauteuil, se tient debout près de moi et dit aux étudiants : « Tenez, vous voyez ici un malade… C’était un diacre… »