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PRÉFACE

l’existence désolée du vagabond, Andréief connaissait dans toute son horreur la détresse de l’étudiant pauvre.

Né en 1871, à Orel, de petits bourgeois, il perdit son père alors qu’il était encore au collège. Sa famille demeura sans ressources. Andréief tenta le problème difficile de pousuivre ses études et de gagner sa vie en donnant des leçons à un prix dérisoire.

« Je connus la misère noire, raconte-t-il. Pendant mes premières années à l’Université de Pétersbourg, j’eus bien souvent faim, et il m’arriva de ne pas manger pendant deux jours.

Ses premières productions littéraires datent de cette sombre époque. Il ne put parvenir à les placer, et cette déception ajouta encore à l’amertume de son existence. La vie à Moscou passant pour plus facile, il se fit admettre à l’Université de cette ville. Mais, là aussi, il connut des privations de toute sorte, si bien que, las de tout, il tenta de se suicider.

« En janvier 1904, raconte-t-il, je me tirai un coup de revolver, mais sans résultat appréciable. J’en fus puni par une pénitence ecclésiastique que m’infligea l’autorité, et par une maladie de cœur bénigne plus ennuyeuse que grave à la vérité. Pendant cette période, je fis encore des essais infructueux en littérature. J’eus plus de succès avec la