fois dans le cabinet de travail du gouverneur, lui tâtait le front pour voir s’il avait la fièvre et se mettait à parler voyages. Mais il la renvoyait, simplement, sans politesse.
— C’est bon, va-t’en. J’ai envie de rester seul. Car enfin, tu as tes appartements, et moi, je ne vais pas chez toi !
— Comme tu as changé, Pierre !
— Sottise ! Sottise ! disait-il de sa voix de basse sonore et impérieuse, et il s’adossait au poêle froid. Va-t’en, va-t’en, et fais taire ton chien ; on n’entend que lui dans la maison.
De toutes les anciennes habitudes de Pierre Ilitch il ne lui était resté que celle des cartes ; deux fois par semaine il jouait au whist avec un plaisir évident ; il avait l’air sérieux et affairé ; quand son partenaire se trompait, il le réprimandait d’une voix tonnante :
— À quoi pensez-vous donc, Monsieur ? Car, moi, j’ai joué carreau ! grondait-il avec fracas, en roulant les r ; dans le petit salon, Marie Pétrovna saisissait au vol les paroles de son mari et souriait avec une condescendance lassée, en hochant la tête. Ses joues bistrées pendaient