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LE GOUVERNEUR

Et l’impolitesse des paroles disparaissait sous la simplicité et la sincérité du ton. Le gouverneur refusa de regarder les robes neuves de Zizi ; il n’apparut plus au salon, laissant à sa femme le soin d’inventer des excuses ; il cessa complètement de s’occuper des affaires et d’entendre les rapports. Cependant, il donnait audience une fois par semaine, et écoutait chaque solliciteur attentivement, avec un intérêt presque impoli, en le toisant de la tête aux pieds.

— Vous êtes certain que ça vaudra mieux ainsi ? demandait-il ; et après avoir reçu une réponse affirmative du visiteur étonné, il promettait d’exaucer sa requête. À ce moment-là, il oubliait probablement que ses pouvoirs étaient limités ou s’en faisait une idée exagérée, car souvent il s’occupa d’affaires qui n’étaient pas de son ressort ; par la suite, le nouveau gouverneur eut beaucoup de mal à démêler les imbroglios qui se formèrent, d’autant plus que bon nombre de ces causes avaient un caractère d’intrigue inadmissible.

Pour tâcher de dissiper un peu la mauvaise humeur de son mari, Marie Pétrovna venait par-