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LE GOUVERNEUR

des boîtes différentes, et perdues parmi une foule d’autres missives ; ces lettres, une fois rassemblées en un seul paquet, un homme les apportait à celui qui était leur seul but. Déjà auparavant, le gouverneur avait reçu des lettres anonymes, rarement injurieuses et parfois menaçantes, presque toujours pleines de plaintes et de dénonciations ; il ne les lisait jamais, mais maintenant leur lecture était devenue une impérieuse nécessité, comme la pensée sans cesse renaissante de l’événement et de la mort. Et pour lire comme pour penser, il devait être seul, personne ne devait le troubler.

Quelquefois le jour, mais plus souvent le soir, il s’asseyait confortablement dans un fauteuil, devant sa table couverte de papiers, un verre de thé refroidi à côté de lui ; il redressait les épaules, mettait des lunettes d’or très grossissantes et après avoir soigneusement examiné une enveloppe, il en coupait l’extrémité. Il avait déjà appris à reconnaître ces lettres à première vue, malgré la diversité des papiers, des écritures et des timbres, car elles avaient quelque chose de commun, comme les morts du hangar ; l’huissier qui

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