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NOUVELLES

naire Kozlof, qui n’aimait pas la saleté et la banalité de la maison du gouverneur, avait donné l’ordre presque de sa propre initiative de retapisser les salons et de blanchir les plafonds ; en outre, il avait commandé un mobilier modem style en chêne vert. En général il s’était attribué les fonctions de dictateur domestique, et tout le monde était content de lui ; les serviteurs qui aimaient l’animation, et Marie Pétrovna qui haïssait tout ce qui concernait le ménage.

Bien que la maison fût très vaste, elle était incommode ; les water-closets et la salle de bains étaient à côté du salon ; pour le service, les domestiques étaient obligés de passer par un corridor vitré sur lequel ouvraient les fenêtres de la salle à manger ; souvent on les voyait se pousser du coude ou s’injurier, quand ils apportaient les mets. Koslof aurait bien voulu changer tout cela, mais il fallait attendre l’été suivant. « Il sera content », se disait-il en pensant au gouverneur ; mais pour une raison quelconque il se représentait que ce ne serait pas Pierre Ilitch qui en profiterait ; dans son zèle de réformes, il ne tenait pas compte du gouverneur.