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LE GOUVERNEUR

tranquillité et le silence qui se firent, une attente angoissante et solennelle se développa, comme un gros nuage. Ceux qui étaient indifférents vis-à-vis de l’événement et de son étrange conséquence, comme ceux qui se réjouissaient de l’exécution prochaine, ou ceux qu’elle révoltait profondément — tous attendaient l’inévitable, dans une expectative pesante, menaçante et tendue. Si, à ce moment-là, le gouverneur était mort d’une fièvre, du typhus, d’un accident, personne n’aurait considéré le fait comme un hasard et derrière la cause tangible, on en aurait trouvé une autre, invisible, mais réelle. Et plus l’attente croissait, plus on pensait à la « rue des Fossés ».

La « rue des Fossés » était aussi calme et paisible que le reste de la ville ; des détectives nombreux cherchaient les indices d’une nouvelle révolte ou de quelque dessein criminel, mais c’était en vain. Comme en ville, le bruit de l’assassinat prochain du gouverneur courait, sans qu’on pût en découvrir la provenance ; tout le monde en parlait, mais d’une façon si vague, si stupide, qu’il était impossible de deviner quoi