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VI

LES HEURES S’ENFUIENT


Dans la forteresse où les terroristes étaient enfermés, il y avait un clocher avec une antique horloge. Chaque heure, chaque demi-heure, chaque quart-d’heure, l’air retentissait d’un son infiniment triste, pareil au cri lointain et plaintif des oiseaux de passage. Le jour, cette musique bizarre et désolée se perdait dans le bruit de la ville, de la grande rue animée qui passait devant la forteresse. Les tramways grondaient, les sabots des chevaux résonnaient, les automobiles trépidantes jetaient au loin leurs appels rauques. Le carnaval étant proche, les paysans