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— J’ai froid, répondit Wassili ; et il se mit à marcher de nouveau en jetant du même air irrité des regards obliques à la vieille.

— Tu as froid, mon fils…

— Ah ! vous parlez de froid, mais bientôt…

Il eut un geste désespéré. La mère se remit à sangloter.

— Je lui ait dit, à ton père : « Va le voir. C’est ton fils, ta chair, donne-lui un dernier adieu. » Il n’a pas voulu.

— Que le diable l’emporte ! Ce n’est pas un père… Toute sa vie ce fut une canaille. Il l’est resté.

— Wassia, c’est ton père pourtant…

Et la vieille femme hocha la tête d’un air de reproche.

C’était ridicule et terrible. En face de la mort, cette conversation mesquine et inutile les retenait. En pleurant presque, tant la chose était triste, Wassili cria :

— Comprenez donc, mère. On va me pendre, me pendre ! Comprenez-vous, oui ou non ?