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— Assieds-toi, mon petit Serge ! supplia la mère.

— Assieds-toi, Serge ! répéta le père.

Ils gardèrent le silence. La mère avait un sourire étrange.

— Que de démarches nous avons faites pour toi, Serge ! Le père…

— C’était inutile, petite mère !…

Le colonel dit avec fermeté :

— Nous devions le faire pour que tu ne penses pas que tes parents t’avaient abandonné.

Ils se turent de nouveau. Ils avaient peur de prononcer une parole, comme si chaque mot de la langue avait perdu son sens propre et ne signifiait plus qu’une chose : la mort.

Serge regardait la petite redingote proprette qui exhalait une odeur de benzine et pensait : « Il n’a plus d’ordonnance, donc il a nettoyé son habit lui-même. Comment n’ai-je jamais remarqué qu’il nettoyait son habit ? Ce devait être le matin, probablement. » Soudain, il demanda :

— Et ma sœur ? Elle va bien ?