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des cous, il y a des cordes et personne pour pendre ! Diable, ce n’est pas mal !

— On te laissera la vie pour récompense !

— Je le pense bien : ce n’est pas quand je serai mort que je pourrai faire le bourreau.

— Alors, est-ce oui ou non ?

— Et comment pend-on, chez vous ? On étrangle probablement les gens en cachette…

— Non, on les pend en musique ! rétorqua le surveillant.

— Imbécile ! Bien entendu, il faut de la musique… Comme celle-ci !…

Et il se mit à chanter un air entraînant.

— Tu es devenu complètement fou, mon ami ! dit le surveillant. Allons, parle sérieusement, que décides-tu ?

Le Tzigane découvrit les dents.

— Es-tu pressé ! Reviens, je te le dirai !

Et le chaos des images confuses qui accablaient le Tzigane s’augmenta d’une nouvelle image : au milieu d’une place noire de monde, un échafaud s’élève sur lequel, lui, le Tzigane, se promène, en chemise rouge, la