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pouvait se cacher nulle part. À plusieurs reprises, Ianson frappa les murailles, du torse ; une fois, il heurta la porte. Il chancela, tomba le visage contre terre et sentit que la mort le saisissait. Collé au sol, la figure touchant l’asphalte sale et noir, Ianson se mit à hurler de terreur jusqu’à ce qu’on accourût. Lorsqu’on l’eut relevé, assis sur son lit et aspergé d’eau froide, il n’osa pas encore ouvrir les yeux. Il entr’ouvrait un œil, apercevait un angle vide et lumineux de la cellule, et recommençait à hurler.

Mais l’eau froide agissait. En outre, le gardien de service frappa paternellement Ianson sur la tête, à plusieurs reprises. Cette sensation de vie chassa la pensée de la mort. Ianson dormit profondément le restant de la nuit. Il dormit, couché sur le dos, la bouche ouverte, avec des ronflements sonores et prolongés. Entre les paupières mal jointes, apparaissait un œil blanchâtre, plat et mort, sans prunelle.

Ensuite, le jour, la nuit, les voix, les pas, tout devint pour lui une horreur continue