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avec calme comme l’heure à laquelle il fallait dormir. À présent, il avait conscience de son essence mystérieuse et menaçante. Pour ne pas croire à la mort, il faut voir et entendre autour de soi le mouvement coutumier de la vie : des pas, des voix, de la lumière. Maintenant, tout était extraordinaire pour lui ; ce silence, ces ténèbres semblaient être celles de la mort inévitable. Affolé, il gravissait la première marche du gibet.

Le jour, la nuit, lui apportaient des alternatives d’espoir et de crainte ; il en fut de même jusqu’au soir où il sentit, où il comprit que la mort viendrait dans trois jours, au moment où le soleil se lève.

Il n’avait jamais pensé à la mort ; pour lui, elle n’avait point de forme. Mais d’heure en heure, il sentait nettement qu’elle était entrée dans la cellule, qu’elle le cherchait en tâtonnant. Pour lui échapper, il se mit à courir.

La pièce était si petite que les angles semblaient repousser Ianson vers le centre. Il ne