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et la servante, enfonçant la porte de la cuisine, apparut. Ianson s’enfuit. On s’empara de lui une heure plus tard : accroupi dans un coin du hangar, il cherchait à mettre le feu à la ferme.

Quelques jours après cette tragédie, le fermier mourait. Ianson fut jugé et condamné à mort. Au tribunal, on eût dit qu’il ne comprenait pas le sens de ce qui se passait : il regardait sans curiosité la grande salle imposante et fourrait dans son nez un doigt recroquevillé. Ceux qui l’avaient vu le dimanche à l’église auraient seuls pu deviner qu’il avait fait un peu de toilette : il portait une cravate tricotée, d’un rouge sale ; par places, ses cheveux étaient lisses et foncés ; ailleurs, ils formaient des mèches claires et maigres, semblables à des fétus de paille dans un champ inculte et dévasté.

Lorsque le verdict : peine de mort par pendaison, fut prononcé, Ianson s’émut soudain. Il rougit violemment, se mit à dénouer et renouer sa cravate, comme si elle l’étouffait. Puis il agita les bras sans savoir pourquoi,