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teau finnois qu’en ce vieux et bon fusil.

— Votre machine me tuerait moi-même ! dit-il.

— Tu n’es qu’un imbécile, Ivan !

Et ce même Ivan Ianson, qui se méfiait d’un fusil, perpétra, un soir d’hiver, alors que l’autre ouvrier s’était rendu à la gare, un triple forfait, avec une simplicité étonnante. Après avoir enfermé la servante dans la cuisine, il s’approcha du maître, à pas de loup, et le frappa dans le dos à coups de couteau. Le patron tomba sans connaissance ; sa femme se mit à crier et à courir dans la chambre. Les dents découvertes, le couteau à la main, Ianson commença à fouiller malles et tiroirs. Puis, comme s’il avait vu la femme du patron pour la première fois, il se jeta tout à coup sur elle pour la violer, bien que la pensée ne lui en fût jamais venue. Par bonheur, la femme fut la plus forte ; non seulement elle résista, mais elle étrangla à demi Ianson, qui, au cours de la lutte, avait laissé choir son couteau. Sur ces entrefaites, le patron reprit ses sens