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camarades d’un regard maternel. Elle était encore très jeune ; ses joues semblaient aussi colorées que celles de Serge Golovine, et cependant elle semblait être la mère de tous les accusés, tant son regard et son sourire étaient pleins d’anxiété tendre, d’amour infini. La marche du procès ne l’intéressait pas. Elle écoutait ses camarades, préoccupée seulement de savoir si leur voix tremblait, s’ils avaient peur, s’il fallait leur donner des soins.

Mais elle ne pouvait regarder Vassili ; son angoisse était trop forte ; elle se contentait de faire craquer ses doigts potelés ; elle admirait avec fierté et respect Moussia et Werner ; son visage alors prenait une expression grave et sérieuse ; sans cesse, elle tachait d’attirer les regards de Serge Golovine par son sourire.

« Le cher camarade, il regarde au ciel. Regarde, regarde ! » pensa-t-elle en voyant où il dirigeait les yeux.

« Et Vassia ? Mon Dieu ! Mon Dieu !… Que faire pour le réconforter ? Si je lui parle,