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qu’il se raidissait en un effort désespéré pour répondre avec fermeté, à haute voix. Mais dès qu’il avait parlé, il oubliait la question, aussi bien que ses propres phrases ; et de nouveau la lutte recommençait, muette, terrible. Déjà, la mort le marquait d’une empreinte si évidente que les juges évitaient de le regarder. Il était aussi difficile de déterminer son âge que celui d’un cadavre en voie de décomposition. D’après ses papiers, il n’avait que vingt-trois ans. Une ou deux fois, Werner lui toucha doucement le genou, et chaque fois, il répondit brièvement :

— Ce n’est rien.

Le moment le plus dur pour lui fut celui-ci, où il éprouva soudain une envie irrésistible de crier sans paroles, comme une bête traquée. Alors, il poussa légèrement Werner ; sans lever les yeux, celui-ci répondit à voix basse :

— Ce n’est rien, Vassia. Ce sera bientôt fini !

Consumée par l’inquiétude, Tania Kovaltchouk, la cinquième terroriste, couvait ses