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LA VIE D’UN POPE

Il jette un hurlement sauvage et se rue vers la porte… ; il ne la trouve pas et la cherche à tâtons, se heurte çà et là aux murailles, aux angles tranchants du granit… ; une porte s’ouvre brusquement sous son élan forcené, il roule sur les dalles, se relève joyeux et s’élance ; des mains tremblantes et tenaces l’agrippent au passage et le retiennent, il se débat avec des cris perçants, dégage un de ses bras, frappe d’un poing dur et pesant comme du fer la face du chantre qui tente de l’arrêter, pousse le corps du pied, et bondit hors de l’église…

Le ciel est inondé de feu. De grands nuages noirs, déchirés, tourbillonnent dans les airs, et leur immensité sans bornes s’abat sur la terre ébranlée… ; le monde s’écroule !… Un rire de tonnerre, des craquements formidables, des cris de joie sauvage jaillissent sans interruption de ce chaos de feu. À l’occident, une bande de ciel bleuit encore à l’horizon, et c’est vers elle que se rue le père Vassili, hors d’haleine…