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LA VIE D’UN POPE

et tout resplendissant d’une foi immense, il s’écrie pour la deuxième fois, avec une solennité simple et royale :

— Lève-toi, te dis-je !

Mais le cadavre restait immobile et ses lèvres serrées gardaient, impassibles, leur éternel secret.

Le silence emplissait maintenant la nef ; des pas précipités résonnèrent sur les dalles ; la veuve s’enfuyait, suivie de ses enfants ; le vieux chantre, qui trottinait derrière elle, se retourna une dernière fois en arrivant à la porte et se tordit les mains.

« Cela est mieux ainsi ; il ne pouvait se lever en cet état, devant sa femme et ses enfants », se dit le père Vassili ; et, pour la troisième fois, d’une voix basse et sévère, cette fois, il prononce :

— Sémione ! lève-toi !

Il laisse doucement retomber la main et attend ; derrière la fenêtre, des pas font craquer le sable, et le son est si proche qu’il semble venir du cercueil. Le père Vassili attend. Les pas se rapprochent, passent la