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LA VIE D’UN POPE

de la grille qui fit un cliquetis sonore, fendit la foule bariolée de la sombre splendeur de sa chasuble, et se dirigea vers la bière qui semblait l’attendre, noire et muette. Il s’arrêta, étendit la main d’un geste impérieux, et d’une voix précipitée, ordonna au cadavre :

— Lève-toi, te dis-je !

Des hurlements confus retentissent, des cris d’effroi mortel ; pris d’une terreur panique, les assistants se ruent vers la porte ; comme un troupeau en déroute, ils se cramponnent les uns aux autres, se menacent en grinçant des dents, s’écrasent avec des mugissements de rage, s’écoulent lentement, par saccades, comme l’eau qui sort d’une bouteille renversée… ; il ne reste plus maintenant que le chantre, qui, de stupeur, a laissé choir son livre, et la veuve avec ses enfants.

Un sourire lumineux éclaire les traits du père Vassili, un sourire plein d’indulgente pitié pour leur peur et pour leur incrédulité ;