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LA VIE D’UN POPE

Une poussée dans la foule ; une partie des fidèles se glisse furtivement vers la porte, sans échanger un mot avec ceux qui restent ; déjà l’on respire plus à l’aise dans l’église obscurcie ; près du cercueil, des gens s’assemblent en silence, font le signe de la croix, se penchent sur le mort et se relèvent avec une grimace de souffrance ; à son tour, la veuve dit adieu au défunt.

Elle croit maintenant à sa mort, elle perçoit l’affreuse odeur, mais ses yeux ne laissent point passer de larmes, et la plainte expire dans son gosier ; et ses enfants, les yeux fixes, la regardent en silence.

C’est à ce moment qu’on s’aperçut que le diacre fendait éperdument la foule, et que le père Vassili, debout maintenant près de l’ambon, s’était tourné vers la nef.

Et ceux qui le virent en cet instant, conservèrent pour la vie la tragique image gravée dans leur mémoire.

Il s’appuyait des deux mains sur la balustrade, avec une énergie telle que le bout de