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LA VIE D’UN POPE

et candide, et le jeune chêne agitant faiblement son feuillage ciselé.

Aussi, dans sa vieille bouche édentée, les mots antiques, usés, déjà moribonds, prenaient une vie douloureuse et nouvelle.

— … « En vérité, tous les soucis humains, la vie elle-même, n’est que songe et que vanité ; et c’est en vain que s’agitent les vivants de la terre, car, ainsi qu’il est dit dans l’Écriture, quand bien même nous aurions conquis le monde, il n’en faudrait pas moins aller à la tombe, où tous seront ensemble confondus, le roi comme le mendiant ! Et pour cela, ô Christ, ô Seigneur, donne le repos à Ton esclave apparu en ce jour devant Toi, ô Toi qui as aimé les hommes !… »

Dans l’église, pénétrait maintenant une obscurité bleuâtre ; les ténèbres se répandaient sur le jour, et tous les sentirent venir bien avant de les voir ; mais ceux-là seulement qui ne pouvaient détacher leurs regards des feuilles amies de l’érable virent un grand