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LA VIE D’UN POPE

cette glace ? À mon avis, il serait bon d’en avoir une petite provision près de l’église pour ces occasions… dites-le donc au staroste !…

— Il sent ? demanda le pope d’une voix sourde.

— Est-ce que vous ne vous en apercevez pas ? Vous avez un nez pourtant. Moi, j’en suis tout simplement malade. Sans compter que par ce temps d’été, vous aurez beau fumer, l’odeur vous tiendra bien pendant une semaine. Voyez donc, même ma barbe qui sent !… Bon Dieu !…

Il mit sous le nez du pope la pointe grise de sa barbe, renifla et conclut avec mépris :

— Quel paroissien, vrai !

L’office funèbre commençait ; le vieux chantre se mit à réciter les psaumes.

Il avait assisté à la mort de celui qui, du fond de sa bière, épouvantait maintenant la foule ; il voyait encore la motte de terre desséchée venant rouler à ses pieds, innocente