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LA VIE D’UN POPE

ment sur le plancher leurs pieds engourdis ; le vieux diacre, qui toussotait et reniflait avant chaque phrase, chercha du regard les causeurs dans la foule, et les menaça de son doigt court et massif ; quelques assistants, les plus près du portail, sortirent pour fumer une cigarette… Mais, tout en fumant, en parlant de leurs affaires, des semailles, de la sécheresse imminente, ils sursautaient tout à coup, pris d’une crainte subite : peut-être allait-il se passer quelque chose d’extraordinaire ; alors, jetant en hâte leur cigarette à demi-consumée, ils rentraient dans l’église, et se frayaient un passage à travers la foule, qu’ils fendaient de leurs épaules comme d’un coin.

Dans le court intervalle qui sépare la messe du service funèbre, au moment où le père Vassili allait revêtir la chasuble de velours noir, le diacre s’approcha et lui dit avec un claquement de lèvres :

— Il faudrait tout de même de la glace ; il sent vraiment trop fort, mais où la prendre,