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LA VIE D’UN POPE

Mais, plus forte que les parfums habituels de l’église, plus précise et plus pénétrante que les arômes de l’encens et de la cire, l’odeur de la pourriture s’élevait, épouvantable et triomphante : le corps s’était décomposé rapidement à la chaleur, et l’on ne pouvait passer sans répulsion auprès de ce cercueil noir, empli de chair fondante et à demi-putréfiée ; et pourtant, à toucher ce cercueil, se tenaient immobiles la veuve et les trois enfants du défunt ; mais peut-être, bien que percevant cette odeur, ne voulaient-ils pas y croire, et craignaient-ils d’enterrer un vivant, comme il est fréquent chez ceux qu’une mort inattendue vient de priver d’un être très proche, très cher, et très nécessaire.

Quand la messe eut commencé, simple et solennelle comme à l’ordinaire, et que le diacre gras et parfumé eut balancé l’encensoir au-dessus des têtes inclinées, il y eut dans la foule un soupir de soulagement ; des hommes chuchotèrent bruyamment ; d’autres s’ébrouèrent librement et traînèrent pesam-