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LA VIE D’UN POPE

voir si brillant, alors que cependant les ombres des objets n’avaient pas de contours précis et immobiles, comme il arrive d’ordinaire aux jours ensoleillés.

C’était comme si un rideau, compact et pourtant invisible, se fût étendu devant le soleil et en eût absorbé les rayons.

Tandis que le père Vassili revêtait les ornements sacerdotaux, Ivan Porphyritch s’approcha de l’autel.

Au travers de la sueur et des plaques rougeâtres dont la chaleur avait marbré son visage, la frayeur avait mis une pâleur terreuse, et ses yeux gonflés par la fièvre flambaient étrangement ; ses cheveux peignés à la hâte et tout reluisants de kwass avaient séché par places et s’étaient collés en mèches éperdues ; il était visible que cet homme, bourrelé par une épouvante surnaturelle, n’avait pas dormi depuis plusieurs nuits ; dans son désarroi il avait perdu ses manières onctueuses, car il omit de demander au pope sa bénédiction, et même de le saluer.