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LA VIE D’UN POPE

du défunt, il faisait déjà noir et pas une lumière ne brillait dans la rue endormie.

Et c’est à l’accentuation de l’angoisse qui l’oppressait maintenant, comme tous les autres habitants du village, plutôt qu’en entendant des pas derrière lui, qu’il devina tout à coup que quelqu’un le suivait. Il jeta un regard autour de lui : une haute silhouette sombre marchait à quelque distance en arrière, réglant évidemment son pas sur la démarche lente et mesurée du pope.

Le père Vassili s’arrêta : le mystérieux promeneur fit encore involontairement quelques pas ; puis il s’arrêta court, lui aussi.

— Qui est là ? demanda le pope.

L’homme ne répondit pas ; puis, soudain, il se retourna brusquement, s’éloigna rapidement, et se perdit bientôt dans la nuit.

La nuit suivante, le même fait se renouvela ; l’inconnu suivit le pope jusqu’à la grille de sa maison, et, à sa démarche, comme à sa haute stature trapue, le pope crut reconnaître le marguillier.

— Ivan Porphyritch, est-ce vous ? cria-t-il.