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LA VIE D’UN POPE

sans s’offenser, continua à bêcher joyeusement.

Depuis un mois qu’il travaillait chez le marguillier, il était devenu rond et luisant comme un concombre frais, et ce travail facile n’absorbait ni ses forces ni son attention ; il creusait le sable à grands coups de bêche rapide ; et la promptitude alerte avec laquelle il rassemblait les petits tas épars, faisait penser à la vivacité précise d’une poule en train de picorer.

Mais la fosse d’où l’on avait extrait du sable tous les jours précédents, était maintenant épuisée, et Sémione y cracha résolument.

— Allons, plus rien à faire ici, mais il y aurait peut-être quelque chose à gratter par là, fit-il en se dirigeant vers une anfractuosité assez basse, bariolée de tranches de terre rouges et verdâtres, qui s’ouvrait au bas de la fragile muraille de sable.

Le chantre regarda le trou, et pensa tout de suite : « Cela va s’ébouler », mais il ne dit rien. Sémione eut la même impression