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LA VIE D’UN POPE

Il y avait aussi beaucoup de fleurs, cette année, et les abeilles voletaient jusque dans le fond de la fosse aux murailles friables et sans cesse éboulées ; et partout leur murmure ardent et continu se fondait avec les senteurs fraîches des plantes aromatiques.

Depuis plusieurs jours déjà, la nature et les hommes se recueillaient dans l’attente de l’orage ; elle était partout, cette attente, dans l’atmosphère immobile et embrasée, dans les nuits étouffantes et sans rosée, dans la plainte du bétail épuisé qui tendait le cou en mugissant ; et, malgré l’oppression de cette chaleur suffocante, les gens se sentaient à l’aise : une sorte d’inquiétude agitée les incitait au mouvement, aux causeries bruyantes et, à tout propos, aux rires sans cause.

Deux ouvriers travaillaient à la carrière : le chantre Nikone, pour le compte de l’église, et l’ouvrier du marguillier, Sémione Mossiaguine,

Ivan Porphiritch aimait, en ces jours de