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LA VIE D’UN POPE

dans les champs ! Attends, Vassia, je vais chez le chantre, je reviens tout de suite !

— Papa !

La porte claque et les bruits pénètrent — ils se glissent timides sur le seuil de la maison. — Personne ! — La chambre est vide et claire ; l’un après l’autre ils volent furtivement vers l’idiot, jettent un regard dans ses yeux de bête, murmurent entre eux, commencent à rire et à jouer. — Toujours plus gais, toujours plus vifs ! ils se poursuivent, tombent, rebondissent, explorent la chambre voisine, — claire et vide la chambre. — Personne !

Soudain, le premier coup de cloche tombe lourdement et bouscule les petits sons épouvantés ; le second retentit, déjà bref, comme étouffé : car le vent qui s’engouffre dans la gueule grande ouverte du clocher l’a saisi tout de suite au passage et l’étrangle.

— Me voilà, s’écrie le père Vassili tout pâle et tremblant de froid. Il souffle dans ses doigts gourds, se frotte les mains, et