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LA VIE D’UN POPE

Car la nuit grise a étreint la maisonnette, de ses anneaux immenses ; elle l’étreint, cherche des ouvertures pour y passer sa griffe noire, et ne les trouve pas. Alors elle s’enrage, palpe les murailles de ses mains glacées, souffle du froid, soulève avec colère des nuées de flocons de neige, et les jette à toute volée contre les vitres, avec un crépitement sec.

— Le chasse-neige, murmure le père Vassili en prêtant l’oreille un instant ; puis il reprend sa lecture.

Penchant laborieusement sa grosse tête, l’idiot confectionne des paniers en carton collé ; le pinceau tremblote au bout de ses longs doigts, et chaque crissement des ciseaux résonne net et distinct dans la chambre vide.

Les paniers viennent mal ; ils sont informes et sales avec des morceaux de carton pleins de colle qui dépassent de tous les côtés.

Mais l’idiot ne s’en aperçoit pas et continue son travail.

Parfois il lève la tête, et fixe sur l’espace