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LA VIE D’UN POPE

Vers le milieu d’octobre, le nouveau presbytère était bâti, mais on n’avait pu achever et recouvrir de sa toiture que la moitié du bâtiment ; l’autre moitié, sans chevrons et sans plafond, avec ses fenêtres sans vitres et sans châssis, s’accrochait à la partie habitée, comme un squelette à un homme vivant, et, la nuit, elle avait un air abandonné et lugubre. Le père Vassili ne voulut pas faire les frais d’un mobilier complet, et n’acheta, pour les quatre chambres, que deux chaises rudimentaires, une table et des lits ; sur les solives de sapin, les gouttelettes d’ambre de la résine n’avaient pas encore eu le temps de sécher.

La cuisinière, sourde et stupide, ne savait pas charger les poêles ; aussi la chambre toujours pleine de fumée, donnait des maux de tête, et une sorte de brouillard d’un bleu noirâtre rampait constamment au niveau du plancher couvert de taches.

Il faisait froid ; par les fortes gelées, les vitres se poudraient de givre au dedans, et ne laissaient plus filtrer dans la maison qu’un