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LA VIE D’UN POPE

Alors, il fit vibrer désespérément ses petites ailes courtes et brûlées, mais il ne put s’élever en l’air et s’obstina à ramper douloureusement, avec des mouvements gauches et anguleux qui le faisaient tomber à chaque pas.

Le père Vassili éteignit la lampe et jeta le papillon frémissant par la fenêtre ; puis, reposé comme après un bon sommeil, plein du sentiment de sa force, et d’un calme inusité, il se rendit dans le jardin du diacre.

Il marcha longtemps, pensif, les mains derrière le dos, frôlant de la tête les branches basses des pommiers et des merisiers ; le soleil matinal déjà ardent, commençait à percer le feuillage des arbres, et lorsqu’il levait la tête, un torrent de feu se répandait dans ses yeux et l’aveuglait.

Des pommes rongées par les vers tombaient avec un bruit sourd, et, sous les merisiers, une poule suivie d’une douzaine de poussins jaunes et pelucheux caquetait et fouillait, à petits coups de bec hâtifs, la terre sèche et friable.