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LA VIE D’UN POPE

et de bandages souillés, comme s’il avait voulu se confondre à la poussière.

Et de nouveau il pria, sans pensée ; sa prière émanait de tout son corps anéanti, pour avoir éprouvé dans le feu, et dans la mort, la mystérieuse approche de Dieu. Sa propre vie, il cessa d’en avoir conscience, comme si l’éternel lien entre l’âme et le corps se fût rompu, et que, libre de tout ce qui est terrestre, libre de lui-même, son esprit se fût élevé à des hauteurs inconnues.

Les angoisses du doute, les fougueuses colères, les révoltes exaspérées de l’amour-propre humain, tout cela n’était plus que poussière, comme son corps prosterné… Seule, l’âme demeurait intacte, car elle avait brisé les chaînes obscures du moi, et vivait enfin de la vie mystérieuse du renoncement.

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