foi invincible vibrait dans ses paroles ; elles n’avaient plus rien de cette humanité qui fait parfois trembler la voix des plus forts ; celui-là seul pouvait ainsi parler, qui sentait près de lui la terrible et mystérieuse présence de Dieu.
— Au nom du Seigneur, m’entends-tu ? s’écria-t-il. Je suis ici, Nastenka, je suis auprès de toi… et tes enfants aussi ! Voici Vassia… voici Nastia.
Mais le visage toujours immobile de la popadia ne laissait pas deviner si elle entendait les paroles… Élevant encore la voix, le père Vassili poursuivit :
— Pardonne-moi, Nastenka… j’ai causé ta perte sans le vouloir… Pardonne-moi, seul amour de ma vie, et bénis les enfants du fond de ton cœur ; dis adieu à la terre, et ne crains pas la mort… Dieu te pardonne, Dieu t’aime !… Dis adieu à la terre !
Les assistants se retirèrent, affligés et pleurant ; on emmena l’idiot, qui s’était endormi, et le père Vassili resta seul avec la mourante, pendant toute cette nuit d’été si