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LA VIE D’UN POPE

images saintes, de sorte qu’on semblait être à la veille d’une grande fête.

Après la première minute d’effroi, le père Vassili était redevenu calme et empressé ; même, il fit le plaisant et raconta des anecdotes amusantes de sa vie au séminaire ; puis, il évoqua son enfance la plus lointaine, le temps où il volait des pommes avec les petits garçons du village ; et l’on avait tant de peine à se représenter le père Vassili pris aux oreilles par le garde champêtre, que Nastia ne voulut pas le croire et ne rit pas, bien que le pope se fût mis à rire lui-même, d’un rire doucement enfantin.

La popadia s’apaisait peu à peu ; elle cessa bientôt de lancer des regards furtifs vers les coins obscurs de la chambre, et, quand Nastia fut allée se coucher, elle demanda à son mari, avec un sourire timide :

— Tu as eu peur ?

Le visage du père Vassili se referma et prit une expression désagréable ; ses lèvres seules souriaient encore quand il répondit :