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LA VIE D’UN POPE

et bleues, la popadia eut un accès d’ivresse. Trois jours durant, elle but, se débattit, et cria d’épouvante.

Le quatrième, elle éteignit la lampe dans sa chambre, fit un nœud coulant avec une serviette et se pendit. Mais à peine commençait-elle à suffoquer qu’elle prit peur et se mit à crier, et, comme elle avait laissé les portes ouvertes, le père Vassili et Nastia accoururent et la délivrèrent.

Tout se borna donc à la peur. D’ailleurs il n’en pouvait être autrement, car la serviette avait été nouée si maladroitement qu’il eût été impossible de s’étrangler avec.

La plus effrayée de tous fut encore la popadia ; elle ne cessait de pleurer et de demander pardon ; elle tremblait de tous ses membres et sa tête branlait convulsivement ; de toute la soirée, elle ne permit pas à son mari de la quitter un instant, et resta assise et serrée contre lui.

À sa demande, on ralluma la lampe dans sa chambre et d’autres devant toutes les