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LA VIE D’UN POPE

Qui es-tu donc ? Parle ! criait le pope, et ses cheveux s’envolaient sur sa tête comme au souffle d’un grand vent… Réponds-moi ! Où donc est ton Dieu ? Pourquoi t’a-t-Il abandonné ?

« Il l’a cru ! » pensa le mendiant avec joie, et il sentait les paroles du pope couler sur lui comme de l’eau très chaude.

Le père Vassili s’accroupit sur les talons, et, puisant une étrange fierté dans l’humilité de cette posture, il murmura passionnément :

— Écoute, n’aie pas peur… il n’y a pas d’enfer ! Cela, je te le dis en vérité. Moi-même, j’ai tué un être humain… une petite fille… on l’appelait Nastenka. Et il n’y aura pas d’enfer ! Tu iras au Paradis, m’entends-tu ? avec les saints et avec les justes !… Plus haut que tous ! Plus haut que tous les autres !… Cela, je te le dis en vérité !…

Quelques jours après Pâques, quand déjà la campagne respirait la venue du printemps, et que les ténèbres se faisaient transparentes