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LA VIE D’UN POPE

— Pour me confesser ! répondit le paysan empressé et joyeux, et il montrait, dans un bon sourire, ses dents blanches, bien rangées, comme égalisées à la lime.

— Pourquoi te confesser ? Cela va donc mieux, quand tu t’es confessé ? continua le pope.

Et il semblait à Mossiaguine qu’il souriait gaîment et bénévolement.

— Pour sûr, que ça va mieux, après.

— Est-il vrai que tu aies vendu ton cheval et ta dernière brebis, et donné ta charrette en gage ?

Mossiaguine jeta au pope un regard sérieux et mécontent. Tous deux se turent ; le père Vassili se tourna lentement vers le pupitre et ordonna :

— Allons, conte-moi les péchés.

Mossiaguine toussota, prit une figure de commande, s’appuya respectueusement de la tête et de la poitrine contre le prêtre, et se mit à chuchoter précipitamment.

À mesure qu’il parlait, le visage du pope se faisait plus hautain et plus sévère, et