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LA VIE D’UN POPE

ner jusqu’à la porte en égratignant le plancher.

— Enlève les chaises ! criait-elle toute haletante.

Et lui, toujours muet, se levait, débarrassait la porte et se retirait de nouveau dans son coin.

Un instant, la popadia s’apaise et se rassoit, comprimant de sa main les mouvements précipités de son sein ; mais, tout à coup, elle se dresse d’un bond, rejette en arrière les mèches touffues de ses cheveux, et prête l’oreille avec une indicible épouvante à ce qu’elle imagine derrière le mur.

— Tu entends, Vassili, tu entends ?

Les deux taches noires se fixent sur elle, immobiles, et une voix s’élève, indifférente et morne :

— Tout est tranquille, il dort ; calme-toi, ma femme.

Un sourire clair et joyeux, un sourire d’enfant illumine les traits de la popadia, et, encore indécise, elle revient s’asseoir sur le bord de la chaise.