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LA VIE D’UN POPE

Les repas étaient irréguliers, servis trop tôt ou trop tard, et toujours un convive y manquait.

Le linge et les vêtements tombaient en loques, et, bien que la popadia manifestât constamment l’intention de ravauder les chaussettes de son mari, elles étaient toujours trouées, et le père Vassili se blessait les pieds.

L’enfant avait maintenant quatre ans, mais il ne marchait pas encore, et il ne savait dire qu’un seul mot : « Donne ! ». Il était méchant et exigeant : si on venait à lui refuser quelque chose, il poussait des cris de bête, aigus et bruyants, et tendait en avant ses mains aux doigts crochus.

Il était malpropre dans ses habitudes, et satisfaisait ses besoins, au hasard, par terre, comme les animaux ; c’était une véritable torture que de le changer de linge, car il épiait, avec une malice sournoise, le moment où la tête de sa sœur se penchait vers lui pour plonger les mains dans ses cheveux et en arracher des mèches entières.