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LA VIE D’UN POPE

rieur, il leur semblait qu’un songe farouche et sans issue les emportait dans son orbite, parmi des cris de douleur et des imprécations forcenées. La démence les guettait à la porte. Son souffle était dans l’atmosphère étouffante de la chambre, et son regard, dans la flamme rouge de la lampe, qui s’éteignait sous le verre enfumé.

— Tu ne veux pas ! Tu ne veux pas ! cria la popadia, et, dans sa frénésie de maternité, elle avait arraché ses vêtements d’un geste impudique et se dressait toute nue et haletante, lubrique et terrible comme une bacchante, touchante et pitoyable comme une mère. Tu ne veux pas ! Alors, je te le jure devant Dieu, j’irai dans la rue, j’irai, toute nue, me jeter au cou du premier homme venu !… Rends-moi Vassia ; maudit !

Et sa passion triompha de la chasteté du prêtre. Au travers des longs gémissements de la nuit d’automne et des paroles hagardes, il lui sembla que la vie, la vie elle-même, l’éternelle menteuse, lui découvrait enfin ses mamelles obscures et mystérieuses ; et,