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LA VIE D’UN POPE

rette tremblotait entre ses lèvres enflées par les larmes.

— Seigneur Dieu ! Pourquoi ? Seigneur ! répétait-elle, en regardant tomber avec une insistance imbécile, la pluie fine de septembre.

Les gouttes d’eau avaient brouillé les vitres, et, dans l’ombre maintenant descendue, les branches du bouleau, lourdes de pluie, remuaient comme des fantômes. Dans la maison, on ne chauffait pas encore, pour ménager le bois, et l’air y était humide, froid, hostile comme dans une cour.

— Que faire avec des gens pareils, chérie ? disait le pope en manière d’excuse, — et il se frottait les mains, qu’il avait sèches et brûlantes, — il faut prendre patience !

— Seigneur ! Seigneur ! personne ne nous défendra donc ? gémissait la popadia.

Dans un coin, les yeux de loup de la morne Nastia luisaient immobiles et froids à travers les mèches éparses de ses cheveux rudes…