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LA VIE D’UN POPE

Le plus inconvenant à l’égard du pope était le marguillier, un certain Ivan Porphyritch ; il méprisait franchement le prêtre pour sa malchance, et, quand l’effrayante ivrognerie de la popadia devint chose avérée au village, il se jura de ne plus baiser désormais la main du pope.

C’était à la sortie de la messe : au moment où le père Vassili tendit vers lui sa main, Ivan Porphyritch affecta de se détourner avec insolence.

La main brunie par le hâle resta suspendue en l’air, lamentable, et le pope rougit jusqu’aux oreilles, sans mot dire.

Cet incident, dont parla tout le village, ne fit que confirmer encore Ivan Porphyritch dans son opinion que le pope était un homme mauvais et sans dignité ; il résolut de travailler les paysans pour les inciter à se plaindre à l’hyparchie et à demander un autre pasteur.

Cet Ivan Porphyritch était lui-même un homme riche, parfaitement heureux et universellement respecté ; il avait un air d’im-