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LA VIE D’UN POPE

cart avec un certain mépris ; et même, on considérait comme un mauvais présage de le rencontrer ou de s’entretenir avec lui.

Le jour anniversaire de sa naissance, il avait invité à souper les notables du village et tous avaient répondu par une acceptation ; mais quand vint l’heure du souper, le clergé fut seul à venir ; parmi les paroissiens de marque, nul ne parut au festin ; le pope s’en trouva humilié devant ses subordonnés, et la popadia, qui voyait ainsi prodigués en pure perte les vins de prix et les desserts commandés à la ville, en fut cruellement mortifiée :

— On ne veut même plus venir chez nous, soupira-t-elle tristement et sans avoir touché aux vins.

Quand les invités s’en allèrent, ils étaient ivres et dirent à peine merci ; d’ailleurs, dans leur voracité hâtive, ils n’avaient apprécié ni les desserts, ni la finesse des vins.