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LA VIE D’UN POPE

eu conscience de cette préméditation sournoise et méchante que les misères mettaient à fondre sur sa tête sans beauté.

Il tombait vite et se relevait lentement, pour retomber encore, et de nouveau se relever plus lentement ; c’était une fourmi laborieuse, et, broutille sur broutille, grain de sable sur grain de sable, sans cesse, il restaurait sa fourmilière détruite, sur les grand’routes de la vie.

Et lorsqu’il eut été ordonné prêtre, et qu’ayant épousé une belle jeune fille, elle lui eut donné un fils et une fille, il crut sa destinée bien établie, solidement et définitivement, comme celle des autres hommes ; — et il bénit Dieu, parce qu’il croyait en lui, et parce qu’il avait une âme sans malice.

Or, dans la septième année de son bonheur, par un torride après-midi de juillet, il arriva ceci : les enfants du village s’en allèrent à la baignade, et parmi eux, le fils du pope, nommé Vassili, un garçonnet noiraud et renfermé, comme son père. Et Vassili se noya.