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monde. Quand tu m’apercevras, ne te détourne pas.

— Adieu !

— Il ne faut pas me pendre, dit encore Ianson, d’une voix blanche.

Mais Werner le prit par la main et Ianson fit quelques pas. Ensuite, on le vit s’affaisser dans la neige. On se pencha vers lui, on le souleva, on le porta, tandis qu’il se défendait mollement dans les bras des soldats.

Et de nouveau, les lanternes jaunes devinrent immobiles…

— Et moi, Moussia, j’irai donc seule ? dit tristement Tania. Nous avons vécu ensemble et maintenant…

— Tania, ma bonne Tania !

Le Tzigane s’interposa ardemment, tenant Moussia comme s’il craignait qu’on la lui arrachât :

— Mademoiselle, s’écria-t-il, allez seule. Vous avez une âme pure. Vous irez où vous voudrez. Moi, je ne le puis. Je suis un bandit. Je ne puis partir seul. « — Où vas-tu ? me dira-t-on, toi qui as tué, qui as volé ! »,