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qu’alors alors ce que sont l’extase et l’inspiration ; par moments, il se considérait comme un fou qui cherche la quadrature du cercle dans des mares de sang humain. L’ennemi contre lequel il luttait tous les jours ne pouvait lui inspirer de respect ; ce n’était qu’un réseau compact de bêtises, de trahisons, de mensonges, de viles tromperies. La dernière chose qui avait détruit en lui et pour toujours, lui semblait-il, le désir de vivre, c’était l’exécution, sur l’ordre de son parti, d’un agent provocateur. Il l’avait tué tranquillement, mais à la vue de ce visage humain, inanimé, calme, mais faux encore, pitoyable malgré tout, il cessa brusquement de s’estimer, lui et son œuvre. Il se considéra comme l’être le plus indifférent, le moins intéressant qui fût. En homme de volonté qu’il était, il ne quitta pas son parti ; apparemment, il resta le même ; mais il y eut désormais dans ses yeux quelque chose de froid et de terrifiant. Il n’en dit rien à personne.

Il possédait encore une qualité très rare :