Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il hocha la tête, et se mit à rire gaiement, sincèrement.

— Ah ! mon bon Muller ! Mon cher Muller ! Mon brave Allemand ! C’est toi qui as raison, Muller, moi, frère Muller, je ne suis qu’un âne !

Il tourna vivement autour de sa cellule ; et au grand étonnement du soldat qui l’observait par le guichet, il se déshabilla complètement et fit, avec une exactitude scrupuleuse, les dix-huit exercices. Il pliait et redressait son jeune corps un peu amaigri, il s’accroupissait, aspirant l’air et le refoulant, se dressait sur la pointe des pieds, mouvait les bras et les jambes.

— Oui, mais tu sais, Muller, raisonnait Serge, en bombant sa poitrine, — là où les côtes se dessinaient nettement sous la peau mince et tendue, — tu sais, Muller, il y a encore un dix-neuvième exercice, la pendaison par le cou en une position fixe. Et cela s’appelle le supplice. Comprends-tu, Muller ? On prend un homme vivant, Serge Golovine par exemple, on l’emmaillote comme une